TECHNOLOGIQUE (SOCIÉTÉ)

TECHNOLOGIQUE (SOCIÉTÉ)
TECHNOLOGIQUE (SOCIÉTÉ)

On emploie volontiers les termes de «société technologique» ou de «société postindustrielle» pour décrire la forme que devraient prendre les sociétés occidentales avancées au cours des prochaines décennies, et particulièrement autour de la date symbolique de «l’an 2000». La société industrielle des cent dernières années est considérée comme le résultat des inventions et des innovations technologiques réalisées en agriculture et dans les manufactures, pendant la révolution industrielle qui va du milieu du XVIIIe siècle environ au milieu du XIXe. De même, la société post-industrielle est conçue comme résultant d’une seconde révolution technologique, survenue sitôt après la Seconde Guerre mondiale et associée à des mises en œuvre de découvertes telles que l’énergie nucléaire, au développement des communications électroniques, à l’exploration de l’espace ou à l’invention des ordinateurs.

Quels pourraient être les traits dominants de cette société postindustrielle? L’aspect principal, celui qui a toutes chances d’englober les autres, sera probablement un changement dans la qualité de l’expérience humaine. Si cette mutation se produit, les conceptions, les habitudes de pensée, les significations et les formulations auxquelles l’homme était accoutumé devront aussi changer, sauf pour lui à sombrer en pleine confusion et à devenir étranger dans sa propre cité. De même que le monde évolue, de même notre vision du monde – conceptions et attitudes – doit se renouveler elle aussi, sous peine de voir nos perceptions et nos actes perdre contact avec lui et s’égarer dans la fantaisie ou dans la folie. Par conséquent, demander ce que sera la société postindustrielle revient à s’interroger sur les changements qui affecteront l’expérience humaine et sur les perceptions et les attitudes nouvelles que ceux-ci entraîneront.

Une incertaine évolution

Expérience, langage et vérité

Il est important de rappeler, dès l’abord, que les expériences de l’homme se font à deux niveaux: d’une part, l’expérience directe du monde, d’autre part, la réflexion sur cette expérience, son «expérimentation» par le langage. De la sorte, l’expérience du monde doit être saisie par le langage et formée par lui avant d’être reconnue comme expérience. L’expérimentation exige d’être communiquée et partagée. L’expérience se caractérise par la signification, et c’est l’essence de cette signification qui est communiquée ou, du moins, communicable. Les significations sont ce qu’on «voit ensemble» ou ce qu’on partage. C’est pourquoi, mettre l’expérience en langage, la formuler, est la condition nécessaire de l’expérience sociale significative.

Cette nécessité soulève immédiatement la question de savoir jusqu’à quel point l’expérience est adéquatement rendue par le langage. Celui-ci doit être exactement ajusté au contenu de l’expérience. C’est pourquoi le concept de «vérité» est, à juste titre, appliqué à toutes les formes d’expérience et pas seulement à la science. On ne parle pas seulement de vérité scientifique, mais aussi de vérité morale, artistique ou religieuse. Toutes les formes d’expérience contiennent un élément de foi, et ce terme est apparenté à celui de vérité. Une œuvre d’art doit être «crédible» et un dieu est celui en qui on doit «croire»; on dit d’une institution culturelle qu’elle est «authentique», comme le serait une personne humaine; la morale consiste moins à définir ce qui est bien qu’à cerner ce qui est juste, c’est-à-dire, en un certain sens, à manifester un rapport de vérité. Ces exemples mettent en évidence l’inéluctable dimension «intellectuelle» de toute expérience humaine. Ils montrent aussi que la formulation doit être appropriée au contenu de l’expérience. C’est un fait connu que l’expérience humaine change à tout moment, varie d’âge en âge et de culture à culture. Il s’ensuit que les formulations intellectuelles doivent être mises à jour et que le travail de formulation n’est jamais achevé; à vrai dire, il s’agit d’un processus sans fin de re -formulation. Les thèmes scientifiques et les synthèses philosophiques, les principes politiques et les systèmes de valeurs, les codes de morale, les conceptions individuelles, les critères esthétiques et les synthèses théologiques, tout doit être revu sans cesse au fur et à mesure que change l’expérience des hommes. La justesse intellectuelle dépend donc de la vigilance à observer le changement . Si l’on veut comprendre, en particulier, la société postindustrielle qui se crée, il est absolument nécessaire d’être très attentif au changement technologique.

Les implications du changement

La «nature» du changement technologique réside en ceci qu’il produit de la nouveauté, une plus grande complexité et une autonomie accrue. Or, ces trois caractéristiques sont connexes. En effet, la nouveauté conduit à la multiplication des parties reliées entre elles, c’est-à-dire à la complexité, car un plus grand nombre d’éléments suppose un système élargi au sens géographique, biologique ou organisationnel. Par ailleurs, il y a généralement une corrélation étroite entre la dimension d’un système et son degré d’autonomie par rapport à l’environnement.

On peut considérer, par exemple, l’évolution qui va de la famille à la cité grecque ou, plus près de nous, le développement de l’aire urbaine d’une métropole à partir du noyau des villes, ou bien le processus biologique qui va de la conception à l’homme ou de l’amibe à l’homme, ou encore les séquences historiques reliant de petites communautés agricoles aux grandes sociétés industrielles et l’artisanat aux productions de masse et au système monétaire international. Dans chacun de ces processus, on rencontre les trois caractéristiques du changement que l’on vient de signaler.

Il faut retenir, en outre, trois autres points qui tiennent au phénomène même du changement.

Tout d’abord, le fait que le changement engendre la nouveauté signifie que l’incertitude et l’imprévisible l’accompagnent inévitablement. Aucun perfectionnement dans les techniques de prévision ne pourra jamais y obvier, car les prévisions se font à partir du connu, alors que la nouveauté authentique implique forcément une discontinuité dans les connaissances. Le meilleur des «futurologues» s’en rend compte et intègre cet élément dans ses hypothèses.

Ensuite, la différenciation, qui va de pair avec la complexité, doit être distinguée de la fragmentation, même s’il est impossible de nier qu’un surcroît de l’une conduise à l’autre. Le concept de différenciation suppose l’intégrité du corps ou du système en question. Il s’agit d’un processus discipliné et contrôlé, indécomposable.

Si ces caractères manquaient, au lieu d’une autonomie accrue, il n’y aurait que fragmentation et dégénérescence. Le système – qu’il s’agisse d’un corps ou d’une société – cesserait alors d’être un système et disparaîtrait. Finalement – et c’est peut-être le point le plus important –, le changement est à comprendre comme une réalisation de possibilités . Donc, on peut dire que n’importe quel système change lorsque ce qui peut être advient réellement. Cette façon de comprendre le changement est aussi bénéfique aujourd’hui qu’elle l’était pour Aristote. Mais nul ne peut tenir pour bénéfique, ni même défendre l’affirmation d’Aristote selon laquelle toute forme naturelle – de la graine au régime politique – est caractérisée par un ensemble préexistant de potentialités dont le développement graduel détermine la place qu’elle occupera dans un univers essentiellement harmonieux, intégré et accompli. C’est dire que cette doctrine ne croit pas à l’émergence ou à la génération de nouvelles possibilités. Or, tel est précisément le résultat du changement technologique, telle est la clé qui permet de comprendre ce que peut être une société postindustrielle.

On dépouille quelque peu de son imprécision le terme «changement technologique»quand on le définit comme émergence de nouveaux outils au sens large. Si l’on réfléchit un instant ce que peut réaliser un nouvel outillage, on découvre qu’il permet à la fois de faire des choses jusque-là irréalisables et de faire des choses anciennes d’une façon nouvelle; s’agissant ici comme là de possibilités encore inconnues, celles-ci n’adviennent dans le premier cas que par une voie inaccessible autrement. C’est ainsi qu’une nouvelle technologie peut aider à susciter la construction des habitations bon marché; mais un certain nombre d’autres facteurs non technologiques, tels que des changements politiques ou des lois fiscales, peuvent le faire aussi; dans ce cas, la nouvelle technologie n’est donc pas une condition nécessaire. Il en va tout autrement si l’on veut aller sur la Lune par exemple: ni la volonté du peuple, ni la ferveur politique, ni l’argent ne l’ont permis; il a fallu que la fusée et la technologie électronique aient, littéralement, créé cette possibilité. La technologie offre de nombreuses possibilités de commettre des erreurs toute nouvelles, mais celles-ci ne lui sont pas inhérentes.

Conscience de la nouveauté

Si l’on veut comprendre la portée sociale et humaine de l’actuel changement technologique, on doit insister sur l’attitude que l’homme adopte à son égard et qui deviendra sans doute caractéristique de la société postindustrielle. Depuis des temps immémoriaux, de nouvelles techniques ont créé de nouvelles possibilités: les fusées et l’électronique n’en sont pas les seuls exemples; il en est de même de la révolution industrielle du XVIIIe siècle, de l’imprimerie et de la poudre à canon, du développement de l’agriculture et de l’invention de la roue. Le fait nouveau aujourd’hui, c’est que l’homme s’en rend compte et se dépêche d’en tirer profit. Mieux qu’aux époques précédentes il réalise que le développement délibérément conçu et les applications de la technologie lui donnent un certain contrôle à partir duquel il sera créé des possibilités nouvelles permettant d’agir sur l’importance et la direction du changement.

Un tel potentiel ne laisse pas d’impressionner. Utilisé sagement, il serait apte à transformer la terre en paradis; dans le cas contraire, il pourrait détruire le monde.

De quelle façon le changement en général, le changment technologique en particulier, et aussi la conscience que l’on en a affecteront-ils l’expérience contemporaine?

Jusqu’à présent, l’homme avait l’expérience d’un monde stable; il avait regardé le changement comme une perturbation momentanée de cette stabilité ou comme la transition temporaire vers une stabilité nouvelle. Il fait aujourd’hui l’expérience d’un monde essentiellement changeant et réinterprète la stabilité comme un type de changement. Cette tendance s’explique par l’accroissement du taux de changement, par la meilleure perception que nous en avons et par la conviction toujours mieux fondée de notre capacité à le provoquer par l’application délibérée de telle ou telle technique.

L’individu tendait autrefois à concevoir le monde à l’aide de catégories simples, ordonnées et quelque peu idéalisées, bien qu’il ne lui fût pas toujours possible, évidemment, d’y faire entrer l’expérience réelle. Dans l’ensemble, il comprenait le monde en termes de rapports avec lui-même, avec sa famille et avec sa communauté; avec le travail qui lui permettait de gagner sa vie et d’assurer sa situation sociale; avec le gouvernement de son pays qui lui apportait la protection et le maintien de l’ordre social; en rapport, enfin, avec sa religion, qui lui assurait un soutien moral et donnait un sens à sa vie. Mis à part les accidents occasionnels, la structure sociale traditionnelle lui paraissait claire et bien ordonnée.

Maintenant, le monde est devenu complexe, différencié et bouleversé. La famille a perdu sa fonction économique au profit de l’entreprise, elle perd sa fonction éducative au profit des communications de masse et elle perdra probablement son autonomie en matière de procréation quand la contraception, le contrôle de la natalité apparaîtront nécessaires. En de nombreux cas, le travail est indépendant de la carrière et de l’amour du métier, et dans l’actuel processus de croissance économique, beaucoup de professions sont menacées de disparition par les conquêtes de l’automation. Quand on considère aujourd’hui le gouvernement et les universités, il est devenu difficile de leur assigner leurs places respectives: leurs fonctions, leurs services et leurs personnels semblent se chevaucher de plus en plus et dépendre chaque jour davantage de l’énorme organisme d’information, comme de la capacité d’innover, caractéristique des sociétés à population dense et à technologie élevée.

L’individu dans la société

L’apparition de technologies de grande puissance, de même que l’apparition de populations très denses donnent une place prépondérante à l’organisation et bouleversent la conception traditionnelle du rôle de l’individu dans la société. La technologie industrielle élève la productivité et procure ainsi des revenus suffisants pour acquérir ces biens de consommation que l’on désire sous l’emprise d’une contrainte sociale, plutôt que par choix personnel. Les décisions prises par des individus ou par des institutions qui demeurent encore à l’échelle de l’individu – corporations, instances gouvernementales, universités, Églises ou syndicats – ont des ramifications de plus en plus étendues à cause de la complexité de la structure sociale actuelle. Il s’ensuit qu’une décision individuelle est de plus en plus tributaire du contexte social qui l’enserre et la protège.

Dès lors – et cela est vrai surtout de la société américaine –, l’individu découvre qu’il doit chercher à exercer de nouveaux rôles, généralement dans des organisations, s’engager dans l’action politique, viser des objectifs avant tout sociaux. Il se croyait maître de son destin et il s’aperçoit de plus en plus que sa liberté est compromise au nom du bien commun. L’homme se sent moins lié à son passé. Cependant, ce n’est pas encore la fin de l’histoire, car, outre ces ruptures, d’autres sont également sensibles au sein même du présent, il semble que l’ordre, la cohérence et l’unité soient perdus.

Ainsi, tandis que l’individu est soumis au changement, à la complexité, à l’incertitude et à des contraintes associées à l’idée de société technologique, il constate en même temps que celle-ci met à sa disposition plus de puissance matérielle, en termes absolus, que n’en offrit jamais aucune autre; elle offre des ressources et une opulence inconnues jusqu’alors et rend loisible d’atteindre des buts réputés jadis inaccessibles par la proposition d’une quantité d’options naguère inenvisageables. Ces deux faces du même fait technologique ne s’harmonisent pas, elles sont souvent même contradictoires, mais elles font toutes deux partie de l’expérience contemporaine dont elles mettent en évidence les discontinuités. Ces dernières sont le résultat d’un nouveau contenu expérimental. Celui-ci peut, certes, s’accommoder souvent de formes expérimentales anciennes lorsqu’il est à peu près de la même nature qu’elles: on ne change pas ses propres conceptions de la personnalité chaque fois qu’on fait une nouvelle rencontre, ni ses théories scientifiques à chaque découverte. Toutefois, lorsque le nouveau contenu fondé sur l’expérience introduit une rupture, comme c’est le cas actuellement, l’échec de la formulation traditionnelle devient patent. Les formes anciennes ne sont pas adéquates au contenu, qui est qualitativement nouveau; l’unité de l’expérience est rompue et l’on a besoin de nouvelles formulations, de nouvelles conceptions.

Les nouvelles formulations

Dans la mesure où l’individu supporte passivement les heurts de la grande technologie et de la grande organisation et demeure incapable de découvrir un terrain d’entente avec elles, il se trouve en fait devant une nouveauté authentique. De même que le changement technologique crée des possibilités matérielles réellement inédites, de même une grande partie de l’expérience humaine a vraiment besoin d’une nouvelle formulation. Nous rencontrons la nouveauté si souvent et à tant de niveaux de notre expérience qu’il nous est encore difficile de voir le monde dans sa totalité: les anciennes unités paraissent tout à fait périmées, en sorte que les concepts et les catégories hérités du passé ne servent plus à les unifier.

Une grande partie de l’effervescence sociale observable peut s’expliquer par un semblable échec, et une large part de l’activité intellectuelle contemporaine peut se comprendre comme une recherche de formulations neuves et qui soient plus adéquates.

Les nouveaux domaines

En économie , les études de marché et les modèles de compétition de l’homme économique avec son semblable montrent bien leur inadéquation aux besoins d’une production et d’une distribution équitables des biens et des services, et elles font place peu à peu à des conceptions d’économie politique nouvelles. En politique les modèles de démocratie du XVIIIe siècle ne résistent pas à l’assaut du phénomène de la sophistication technique, du processus complexe de cause à effet, et suscitent une demande de rénovation de la participation politique et l’élaboration d’une nouvelle éthique démocratique, répondant davantage aux réalités de la société. Pour ce qui est de la connaissance , on commence à s’interroger non pas sur la qualité de ses résultats, mais sur l’opportunité fonctionnelle d’une science uniquement préoccupée de découvrir ce qui est à l’exclusion de ce qui pourrait être; par ailleurs, on exige de la science une vision plus large et une éthique plus généreuse, en même temps que l’on invente les mécanismes sociaux palliant les effets nocifs de la technique. Dans le domaine des valeurs , on constate que le système centré sur l’individu est inadapté à la situation présente, tandis que s’impose la nécessité d’une orientation vers des valeurs collectives. Dans tous ces domaines surgit le besoin – et même l’urgente nécessité – de nouvelles significations qui rendraient compte d’une expérience caractérisée par un certain nombre de traits dominants.

Traits caractéristiques d’une expérience

Le premier trait caractéristique de l’expérience contemporaine, c’est la conscience du changement, de la nouveauté et de l’incertitude. Cela implique que le concept de processus se superpose à celui de structure, dans l’analyse en général et dans la formulation de la signification en particulier. C’est dire qu’il faut tenir compte du temps, et que les catégories intellectuelles doivent évoquer ce qui est dynamique et susceptible de développement, plutôt que ce qui est statique et immuable.

Un deuxième trait majeur de l’expérience contemporaine est la conscience du possible et de la puissance. La technologie confère non seulement un puissant instrument pour réaliser les possibilités pressenties, mais encore le pouvoir de créer et de réaliser une infinité d’autres possibilités pour le moment inexistantes, pourvu que l’imagination soit apte à les concevoir, et que la sagesse soit capable de leur assigner des buts. Les idées de vision, d’objectif et d’instrumentalité doivent donc entrer comme éléments de nos catégories intellectuelles pour faire droit à cet acquis nouveau de l’expérience.

Le troisième trait remarquable est la rencontre d’une complexité et d’une différenciation croissantes. Maints aspects du sentiment de confusion actuel, qui accompagne l’expérience de complexité, en découlent. Une plus grande différenciation augmente, en effet, la difficulté de discerner la signification, à cause de la multiplicité des éléments que le regard doit embrasser simultanément. Qui plus est, la compréhension semble parfois vouée à l’échec lorsque la différenciation, en raison de son étendue, est perçue comme fragmentation. Peut-être faudrait-il concevoir la recherche du sens sur le modèle de la recherche opérée par l’artiste lorsqu’il donne libre cours à son imagination pour jouer avec toutes sortes de possibilités.

En résumé, pour que le regard porté sur le monde et la conception qu’on en a répondent à l’expérience contemporaine, ils doivent comporter cette série d’éléments: processus, vision, instrumentalité et interaction esthétique. Pour avoir l’intelligence de notre monde et des changements que la technologie lui apporte, le concept de «création» et l’image du procès artistique paraissent donc très utiles. Un tel symbolisme permettrait à l’homme de retrouver une image de lui-même non fragmentée, intégrale, et pourrait l’aider à redéfinir sa place dans la société postindustrielle.

L’expérience de cette société en gésine comporte, on l’a dit, le pouvoir énorme conféré par la technologie et la conscience très vive que l’homme en a. Les angoisses du temps présent – l’effervescence sociale, la complexité, la confusion et l’incertitude – sont elles-mêmes des sortes de reflets, ou comme le négatif de cette puissance et de cette conscience. Le philosophe y voit des accidents consécutifs à l’apprentissage. Mais si l’accidentel est précisément ce qui défie l’entendement, nous devons regarder plutôt vers l’image nouvelle et positive préfigurée dans notre expérience incertaine; image d’un homme créateur, artiste, maniant de nouveaux outils pour réaliser ses visions et ses aspirations. Celui-ci peut dès lors se prévaloir de maîtriser sa destinée.

La définition d’une nouvelle image de l’homme pourrait servir à appréhender le futur de la condition humaine et à unifier une expérience encore déconcertante et fragmentaire. Créer une telle image – au sein d’une «vision du monde» nouvelle – est sans doute le défi majeur auquel l’homme est affronté par son entrée dans la société postindustrielle. Ce défi, une fois relevé avec succès, représentera, à n’en pas douter, le seul et le plus important bénéfice de la technologie du XXe siècle.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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